Ce soir nous sommes cerisiens.

 

Je remercie Roberte Lajeunesse, Maire de Chierry  et Présidente des Maires du canton, d’avoir accepté d’accueillir cette année la cérémonie de vœux de la CCRCT et de la Conseillère Générale.

Je salue toutes celles et ceux qui,(quelle que soit leur qualité), nous font l’honneur et le plaisir d’avoir répondu à notre invitation.

Votre présence est toujours rassurante et encourageante, surtout si vous le faites par plaisir et non par obligation.

Pour moi, ces premiers vœux d’un nouveau mandat sont un plaisir renouvelé. Plaisir de vous retrouver comme chaque année à la même époque. Pas de lassitude, pas de sentiment du déjà vécu.

 

 Alors à quoi cela tient-il ?

A l’émotion malgré l’expérience,

A l’exigence de vous recevoir, de vous étonner peut être encore année après année ou au moins de vous intéresser

Aux visages connus qui rassurent

Aux nouveaux venus qui viennent apporter leur regard neuf

Au besoin de communiquer et de rendre hommage à ceux qui comptent, qui s’engagent au service de la collectivité

Au souhait de remercier ceux qui nous soutiennent

Au désir de se projeter avec vous dans un avenir qui peut et doit être meilleur

C’est tout cela à la fois.

 

Mais cette année ce rendez-vous prend également  un sens tout particulier.

Planent sur toutes ces cérémonies les événements dramatiques, terroristes et meurtriers  qui ont tué de la manière la plus lâche 17 innocents désarmés, endeuillé des familles, décimé Charlie Hebdo un journal symbole de la liberté d’expression. Ces actes étaient destinés à défier notre pays, notre démocratie et les piliers de notre République.

Mais, le peuple français a décidé de ne pas se laisser faire, de ne pas se laisser impressionner, entrainant dans son mouvement les européens et une grande partie du monde à ses côtés.

Puisse cet élan produire le choc nécessaire à une remise en cause de nos dérives, de nos modes de vie, de penser, de consommer..,

Puisse-t-il produire plus de tolérance et faire mentir Sartre qui écrivait que «  l’enfer c’est les autres » ! Puisse-t-il nous faire réfléchir  au climat de la France d’aujourd’hui où la crise économique et la montée de l’islamisme radical mais aussi de la xénophobie attisent sans cesse de nouveaux affrontements, de nouveaux clivages.

Et puis entendons aussi le message lancé hier par la Grèce à L’Europe.

C’est le refus de l’austérité  qui écrase les peuples, c’est le  refus du tout finance.

Mais maintenant il faut transformer l’émotion en propositions.

 

Dans un tel contexte, je pense que les collectivités locales ont un rôle encore plus important à jouer.

Après de tels évènements les élus locaux sont en première ligne. Ce sont eux qui doivent rappeler les valeurs de la citoyenneté, de la République, de l'Egalité H/F, de l’égalité par rapport au Handicap, de la diversité multiculturelle.

Dernier rempart des services publics de proximité, les élus des Collectivités Locales font des choix d’une extrême importance pour les habitants, pour leur vie quotidienne, pour leur avenir.

C’est ainsi que la CCRCT a résolument depuis des années choisi de développer au-delà de ses compétences obligatoires (celles qui servent parfois d’alibi à ceux qui ne veulent pas faire autre chose !), des services indispensables à la population, ceux-là même qui créent le lien social, réduisent les inégalités et garantissent le bien-vivre ensemble

Pourrions-nous aujourd’hui, vivre sans les 102 places de crèche et halte-garderie, offertes aux familles et qui permettent aux mères d’aller travailler sereinement, grâce au professionnalisme du personnel ?

Pourrions-nous aujourd’hui nous passer des transports collectifs  qui desservent aussi bien Château Thierry que Nesles la Montagne, Blesmes, Verdilly,  Coincy ou Villeneuve sur Fère ?

Pourrions-nous aujourd’hui nous passer, du portage de repas à domicile qui permet de garder nos aînés à domicile le plus longtemps possible et qui constitue souvent pour eux leur seule visite quotidienne ? Ce sont 140 repas livrés chaque jour.

Pourrions-nous ne pas répondre non plus à leurs besoins de maintien à domicile, c’est tout le sens de la nouvelle compétence prise au 1er janvier qui nécessite une centaine d’emplois pour 450 bénéficiaires et je remercie tout le personnel du SIAM et du CCAS qui ont permis que tout se passe bien depuis le 2 janvier

Pourrions-nous aujourd’hui nous passer du Point d’Accès au Droit, ces permanences où des associations compétentes reçoivent et aident chaque année plus de 3000 personnes  victimes ou en difficultés familiales, administratives ou  juridiques? Quand on voit le nb de dossiers de retraités en souffrance par exemple.

Pourrions-nous ne pas doter notre territoire des équipements sportifs et culturels que les habitants sont en droit d’attendre, laisser par exemple fermer une piscine à bout de souffle et ses usagers aller à Epernay à Soissons ou à Reims. Surtout avec les aides exceptionnelles obtenues de la Region du Département et de l’Etat au titre du CNDS, qui nous permettront dans 18 mois de disposer d’un nouvel équipement aquatique répondant aux exigences d’apprentissage de la natation, de pratique associative et de loisirs familiaux.

Pourrions-nous ne pas nous engager dans l’oeno-tourisme dans cette région où le Champagne reste un levier économique essentiel et un fleuron de l’excellence récompensé  enfin on l’espère cette année par la reconnaissance au Patrimoine Mondial de l’Unesco et nous avons la chance et la fierté que les 2 communes de l’Aisne retenues soient AZY et BONNEIL. Le succès de la 1ère édition de Champagne et Vous en est également une preuve.

Pourrions-nous ne pas contribuer à protéger la ressource en eau avec le Contrat Global ni développer les filières courtes, plus respectueuses de notre environnement et de nos producteurs locaux, de leurs pratiques et de l’emploi  local qu’ils génèrent.

Pourrions-nous ne pas aider à développer le logement, source de nouveaux habitants et de nouvelles ressources fiscales non pénalisantes pour nos concitoyens, mais aussi source d’emploi pour le secteur du bâtiment

Enfin pourrions-nous ne pas préparer l’avenir à travers le développement économique : en aménageant des zones d’accueil plus adaptées aux besoins des entreprises artisanales, industrielles et commerciales (nous allons d’ailleurs bénéficier de la retrocession de la ZID de l’Omois de la part du Conseil Général, pari risqué il y a 25 ans mais qui aujourd’hui accueille plus de 1000 emplois) , mais aussi en continuant à investir dans des projets pour faire travailler les entreprises locales. L’installation en cours de l’Entrepôt du Bricolage qui devrait ouvrir en Mai sur la Moiserie avec 25 emplois à la clé en est un exemple.

 

RENONCER : ce n’est pas l’option que nous avons choisie. C’est ainsi que près de 15 millions d’euros ont été investis depuis 2008 sur ce territoire. Merci à nos partenaires financiers toujours à nos côtés : la Region le Département et l’Etat au titre de la DETR, de Leader ou du FNADT

Et je remercie tous mes collègues maires des 25 communes, vices présidents et délégués communautaires de faire face avec responsabilité à ces réflexions, ces besoins et ces décisions politiques qui engagent tout un territoire. Et ce, sans langue de bois, dans les débats les plus larges.

D’autant plus dans un contexte où la situation nationale, la crise économique ont conduit l’Etat à faire participer les collectivités locales à la réduction du déficit national.

Et la CCRCT, dont la situation est considérée comme meilleure que d’autres, sera largement contributrice à cet effort. Ce sont en effet à l’horizon de 3 ans une montée en puissance des prélèvements de l’Etat pour atteindre 1,2 millions par an sur notre budget.

Il nous faut donc désormais faire preuve de plus de rigueur et déterminer nos priorités, notamment pour nos projets à lancer en 2015 : la  friche ferroviaire, l’Hôtel Dieu ou la Maison Claudel.

Pour cela nous devons pouvoir compter sur tout le monde : d’abord sur les élus pour des choix courageux, ensuite sur les habitants qui doivent coopérer pour cette rationalisation en acceptant d’être plus vertueux dans le tri des déchets dans le cadre de la future tarification incitative ou moins exigeants en matière de développement de toujours plus de services, et enfin sur les associations partenaires qui ne peuvent pas tout attendre de la CCRCT.

Mais nous avons également conscience que tout doit se faire dans la plus grande maîtrise fiscale. Nos concitoyens ne peuvent en supporter davantage.

Alors quel est notre avenir ?

Dans le monde qui se dessine, voulons-nous encore exister ?

Aujourd’hui, dans un environnement institutionnel instable et dans un contexte économique qui ne s’améliore décidément pas, faire de la prospective se révèle particulièrement délicat.

Si l’opportunité d’une réforme territoriale est aujourd’hui admise par tous, son calendrier et sa mise en place laissent pour le moins circonspect. Incompréhensible et mal présentée, c’est ce qui arrive brutalement aux régions, au mépris des intérêts des territoires et des bassins de vie et des habitants.

Au   cœur (je devrais dire aux franges, au « fin fond » !) d’une nouvelle grande région Nord Pas de Calais Picardie, de près 6 millions  d’habitants, comment faire pour avoir toute notre place ?

 Par contre, après une valse-hésitation incroyable, le sort des départements semble stabilisé. Ce qui reste rassurant pour les politiques de proximité indispensables, dans un contexte où l’échelon régional va s’éloigner de plus en plus du local, même si les contours des différents cantons ont quelque peu changé. Le canton de Château perd 5 communes  (Azy, Bonneil, Essômes, Nogentel et Marigny en Orxois) mais en gagne 5 nouvelles (Coincy, Brecy, Villeneuve sur Fère, Rocourt Saint Martin et Grisolles !)

Le Conseil général reste en effet le dernier soutien aux communes et de leurs projets.

Il vient de le réaffirmer en 2014 par la volonté de son Président Yves Daudigny qui a relancé les contrats de développement local avec les com de com, qui a prorogé le Fond Départemental de Solidarité qui permet aux communes ( en aidant davantage les plus petites) de financer des travaux de voirie indispensables en faisant jouer la solidarité à l’échelle du département. Tout le monde ne la cultive pas de la même manière : si pour Jacques Krabal la contribution de la Ville de Château Thierry n’a pas fait défaut,  il n’en a pas été de même pour le Maire de Saint Quentin pour qui la solidarité passe d’abord par sa Ville et qui a refusé d’abonder ce fonds.

Mais le Conseil général  c’est aussi un soutien sans faille  aux familles, personnes âgées et handicapées, et puis la volonté de maintenir envers et contre tout la gratuité de transports scolaires. Gratuité qui pourrait être remise en cause si les régions prenaient la compétence.

Alors que sera demain la future carte de France des collectivités et surtout de leurs compétences ?

 Il est clair que le sens de l’histoire va vers une montée en puissance des structures intercommunales. L’accélération des contraintes juridiques et administratives pèse d’abord lourdement pour les petites communes qui ont peu de personnel. Par ailleurs la tendance des dotations budgétaires fournies par l’Etat est claire : moins de baisse pour les intercommunalités qui se renforcent, pour les communes et intercommunalités qui pratiqueront la mutualisation des personnels et des services, baisses plus sévères pour celles qui ne joueront pas le jeu !

Alors notre feuille de route est toute tracée à la CCRCT.

Dès Mars, nous produirons  un premier schéma de mutualisation.

Frédéric Bardoux illustre cet engagement à double titre. D’une part, c’est la première mission qui lui incombe depuis qu’il est arrivé à la direction de la CCRCT fin 2014 et d’autre part il partage déjà son temps et ses compétences entre la CCRCT et la Ville, dans le cadre d’une convention de services partagés.

Cette mutualisation doit se faire sur un périmètre le plus large possible : la Ville Centre et je sais que c’est le souhait de Jacques Krabal depuis longtemps,  les communes de la CCRCT et les Maires ont des attentes en ce sens, mais également les com de com voisines dont certaines ont déjà montré leur intérêt  (le Tardenois en matière de développement économique avec Boa Flex, Charly et Condé sur les filières courtes et prochainement l’urbanisme )et même le Pays.

Cette mutualisation attendue est une chance pour valorise r les compétences existant déjà dans nos services respectifs, mais c’est aussi une occasion de donner de la cohérence à nos actions, en évitant les doublons.

Les salariés ne doivent pas la craindre mais nous aider à la mettre en place, forts de leur expérience et leur expertise.

Je profite de cette réflexion pour leur dire combien leur engagement est précieux au service de l’action publique que nous menons. Que le couple élus/techniciens est un gage de réussite des actions mises en œuvre. Que notre efficacité repose sur l’efficacité des agents.

 

CONCLUSION

En 2015 ,alors que certains indicateurs donnent des signes encourageants (la baisse du prix du baril, les taux d’intérêt les plus bas jamais connus et l’injection par la BCE de liquidités sur les marchés européens), il nous faut retrouver le chemin de l’emploi et d’une croissance plus respectueuse de l’environnement qu’elle ne l’a été jusqu’ici – et le grand rendez-vous de la Conférence Climat 2015 – la  COP 21 – que la France accueillera en décembre au Bourget, en Seine-Saint-Denis, devrait être l’occasion pour la France d’affirmer son ambition social-écologique.

En 2015, il nous faut aussi rester les gardiens de nos valeurs essentielles.

Faire peur ce n’est pas faire de la politique, c’est renforcer l’ignorance et donc l’intolérance et la violence.

Faire peur c’est prendre le risque de nous priver un jour de nos libertés fondamentales.

Le racisme, l’antisémitisme, de même que le sexisme et l’homophobie n’ont pas leur place dans notre République. Rien ne justifiera jamais qu’en France, un Français mette en cause un autre Français du fait de ses croyances, de son apparence ou de son être.

Nous devons  lutter contre tous les extrémismes. Je pense que la Gauche n’a pas le monopole de la lutte contre le Front National. C’est le devoir de tous les républicains. La réponse se trouve aussi dans la réduction des injustices, des inégalités et dans la mise en place de mesures garantissant une meilleure sécurité de nos concitoyens. Il n’y a pas de liberté sans sécurité.

Mais je suis confiante et optimiste, ce drame doit nous appeler à plus de discernement mais plus d’humilité aussi et moins d’excès. Il nous incite à nous parler davantage. Rien de pire que le non-dit.

Alors parlons-nous en 2015 et la Ville de Château nous y invite en instaurant l’année de la voix, ce qui rassurez-vous n’est en aucun cas  une référence à une échéance électorale quelconque.

Au nom de mes collègues VP ici présents, je vous souhaite une Bonne année à tous.

 

 

Avant de conclure j’évoquais les excès. Une méthode de plus en plus reconnue pour s’en remettre c’est le « detox ». Alors ce soir après ce mois de vœux, de galettes et boissons en tous genres, nous vous invitons à une séquence détox, qui de plus met à l’honneur le bio, les filières courtes et l’alimentation saine, avec un « bar à soupes » et autres victuailles simples et locales roboratives.

Mais je laisserai Chloé Martineau notre grande prêtresse dans ce domaine vous révéler ses secrets.

Photos:CCRCT

Cérémonie des Vœux de Michèle FUSELIER, Présidente de la C.C.R.C.T.

Chierry 26 janvier 2015

Discours de Michèle FUSELIER, Présidente de Communauté de Communes de la Région de Château-Thierry