Laon 24 avril 2024
Lettre ouverte sur la situation financière du Département de l’Aisne.
Madame, Monsieur,
Depuis
plus
de
15
ans,
l’Etat
a
transféré
au
Conseil
départemental
le
versement
des
allocations
de
solidarité
humaine
(handicap,
personnes
dépendantes,
Revenu
de
Solidarité
Active),
mais
ne
compense
pas
à
100%
le
coût
de
ces
allocations
individuelles.
En
2022,
94
millions
d’euros
d’aides
versées
par
le
Département
n’ont
ainsi pas été compensées. C’est une somme considérable.
Cette
situation
asphyxie
les
finances
du
Conseil
départemental
qui,
pour
équilibrer
son
budget,
a
épuisé
ses
excédents
de
trésorerie.
Par
ailleurs,
une
part
importante
des
ressources
financières
d’un
Département
vient
des
Droits
de
Mutation
(frais
de
notaire).
Quand
le
marché
de
l’immobilier
est
dynamique,
ces
recettes
sont
significatives
mais
sans
permettre
pour
autant
à
notre
Département
de financer toutes ses dépenses sociales.
Quand
l’économie
fléchit,
le
marché
de
l’immobilier
ralentit
et
les
recettes
liées
aux
Droits
de
Mutation
diminuent,
alors
que
le
coût
des
aides
sociales
augmente
;
c’est
ce
que
l’on
appelle
«
l’effet
ciseaux ».
Après
avoir
utilisé
toutes
ses
réserves,
le
Conseil
départemental
n’a
aujourd’hui
plus
aucune
marge
de
manœuvre.
Pour
équilibrer
son
budget
en
2024, sans s’endetter davantage, le Département aurait besoin de 22,5 millions d’euros de plus.
Afin
d’alerter
les
responsables
nationaux
sur
la
nécessité
de
changer
le
modèle
de
financement
des
Conseils
départementaux,
nous
avons
adopté
le
8
avril
dernier
un
budget
2024
qui
prévoit
une
recette
supplémentaire
de
22,5
millions
sur
les
94
millions
d’euros
que
devrait
nous
verser
l’Etat
pour
les
missions que nous accomplissons en son nom.
Formellement,
c’est
donc
un
budget
en
déséquilibre
qui
a
été
validé
par
l’Assemblée
départementale.
Ce
qui
est
contraire
aux
règles
de
comptabilité
publique.
Ce
choix
est
volontaire,
de
nombreux
autres
Départements
sont
sur
le
même
chemin.
C’est
un
moment
grave
:
la
survie
de
notre
Département est en jeu.
Depuis l’adoption de ce budget déséquilibré, des échanges ont lieu, avec des responsables de l’Etat et du Gouvernement, afin de trouver une solution.
Si, et uniquement si, notre budget n’était pas rééquilibré lors de la session du 24 juin prochain, le Département serait alors sous tutelle du préfet.
Le vote du 24 juin sera donc le moment de vérité quant aux finances et à l’avenir de notre collectivité.
Le combat, que nous menons, est celui de l’équité et de la survie de l’action de proximité du Conseil départemental.
Sans
un
changement
majeur
des
paramètres
financiers,
quoiqu’il
arrive
cette
année,
nous
serons,
dès
2025,
dans
l’obligation
de
stopper
d’importantes
politiques
de
soutien
financier
et
de
partenariats
avec
nombre
d’acteurs
locaux.
Ce
serait
alors
la
mort
de
nos
politiques
volontaristes
d’accompagnement des initiatives locales qu’il est primordial de préserver et de poursuivre.
Je
vous
tiendrai
naturellement
informés
de
l’évolution
de
notre
situation
mais
vous
pouvez
compter
sur
ma
détermination
et
sur
mon
engagement
afin
que nous n’en arrivions pas là.
Nicolas FRICOTEAUX
Président du Conseil départemental de l’Aisne
Texte et photos : Département de l’Aisne